CAPL : l'audace d'introduire de nouvelles cultures
Après le sarrasin et le quinoa, la coopérative de Thouarcé se lance dans la production de lentilles vertes. Deux de ces productions n'ont jamais été cultivées en Anjou.
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L'une est noire, l'autre blanc doré, la dernière a des reflets verts. Trois graines qu'en interne, la coopérative agricole du Pays de Loire regroupe sous le terme de « Productions végétales spécifiques ». De fait, blé noir, quinoa et lentilles occupent une place particulière dans l'activité de la CAPL. Elle collecte près de 160 000 t de céréales par an auxquelles il faut ajouter 60 000 t collectées par ses filiales Vert Anjou (Maine-et-Loire) et Saboc (Indre-et-Loire). Aujourd'hui, la moitié de ces volumes fait l'objet de contrats avec les agriculteurs. « Notre zone d'activité est géographiquement limitée et comparée à une coopérative céréalière classique, nous n'avons pas l'argument du volume. Pour ces deux raisons, nous avons développé, dans les années quatre-vingt-dix, une politique de contractualisation avec les meuniers et cette relation nous a amenés sur la voie de la diversification et du sarrasin », explique le directeur adjoint, Patrick Brémaud.
Implanté pour la première fois en 2010, le sarrasin occupe aujourd'hui 450 ha répartis de la Vienne au sud de la Sarthe, soit une production annuelle de 320 t. Entre 70 et 80 agriculteurs sont engagés dans cette filière.
La carte du zéro gluten
Sarrasin et quinoa ont pour point commun de ne pas contenir de gluten. Une caractéristique sur laquelle « l'ingénieur agronome qui nous a parlé le premier du quinoa, avait attiré notre attention », précise Patrick Brémaud. En 2009, une vingtaine d'adhérents mettent en place 80 ha de cette plante originaire d'Amérique du Sud à la graine blanc doré et jamais cultivée en Anjou. « Pour l'essentiel, nos parcelles ont mal fonctionné, se remémore le directeur adjoint. On a récolté entre 700 et 800 kg/ha. » Un filet de sécurité ayant été prévu pour les producteurs, la CAPL maintient le cap. L'année suivante, les surfaces passent à 150 ha, dont la moitié conduite en biologique. Un niveau resté depuis stable. « Pour nos clients comme pour les agriculteurs, la culture a commencé à être intéressante en 2011. » Le rendement moyen grimpe alors à 1,4 t/ha. En 2012, il s'établit à 2 t/ha. Cinq ans après son introduction, « nous savons que deux terroirs lui conviennent bien : le Baugeois et le Saumurois, à l'est du Maine-et-Loire ». Pour éviter toute proximité avec les céréales, la coop lui a dédié son site de Brissac-Quincé. C'est là, à une dizaine de kilomètres du siège et en bordure de la quatre voies Angers-Poitiers que la récolte est acheminée, stockée et conditionnée en big bags de 750 kg. Les plus petits conditionnements de 500 g et désormais 350 g sont pour l'instant sous-traités. « Pour investir dans une chaîne de conditionnement, il faudrait passer le cap des 100 t par an. » Forte d'une connaissance technique, certaine et partagée avec l'entreprise Abbottagra, la coop se concentre aujourd'hui sur le front des ventes. « Pour le quinoa comme pour le blé noir, le facteur limitant est le marché », rappelle Patrick Brémaud. Côté production, la coop reprend toutefois l'initiative.
Manque de lentilles vertes
Ce printemps, elle implantera 200 ha de lentilles vertes. « Une culture à laquelle nous avions pensé, mais dont un de nos clients de Quinoa nous a confirmé l'intérêt. » En France, la lentille verte est produite en Vendée, en région Centre et bien sûr dans la région du Puy, « mais le marché est surtout couvert par l'importation et c'est encore un peu plus vrai en ce moment. Certains industriels s'inquiètent de cette dépendance ». L'année 2013 doit permettre à la CAPL de mesurer l'intérêt agronomique et économique de cette production inédite en Anjou. « On a réparti les 200 ha en îlots de manière à tester tous les terroirs de la coopérative. Parallèlement, nos partenaires industriels se sont engagés à prendre la récolte. » Les premières graines seront récoltées fin août, courant septembre, soit à la même période que celles de quinoa.
Anne Mabire
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